Ça y est. Le dernier saule pleureur du centre de Triel est tombé la semaine dernière, sur les bords de Seine près de l’école Jules Verne. Il a pâti des pluies importantes qui étaient tombées dans le week-end. Les branches trop chargées d’eau, ses racines ont cédé net à la base.
C’était le dernier. Les autres avaient été coupés, sciemment, après les inondations.
Par qui ? La municipalité ? La GPS&O ? Le syndicat mixte d’aménagement, de gestion et d’entretien des berges de la Seine et de l’Oise (SMSO) ? Les Voies navigables de France ? Pour quelle raison ? Est-ce parce que ces arbres menaçaient le vieux pont dont les abords ont été interdits après ces inondations ? Certains de ces saules étaient pourtant nettement en contrebas et ne paraissaient menacer en rien la sécurité. D’ailleurs, si ces arbres jouaient un rôle dans la sécurité du vieux pont, pourquoi alors avoir conservé les deux marronniers beaucoup plus proches du pont ?
Il y avait en particulier ce magnifique saule sur le tronc duquel on pouvait marcher en longeant la Seine. Un tronc dont on pouvait, semble-t-il, à peine entourer de ses bras, c’est dire la circonférence qu’il avait. Un arbre vieux de plusieurs décennies, peut-être séculaire. Surtout cet arbre surplombait la Seine. Nul risque donc qu’il tombe sur quelqu’un. D’une simple décision, d’un coup de tronçonneuse, un patrimoine vivant de plusieurs dizaines d’années s’est envolé définitivement. Il en est de même de plusieurs autres arbres qui l’entouraient.
Au résultat, il n’y a plus aucun saule pleureur dans notre centre-ville. Ce sont pourtant des arbres qui donnent du cachet. Il n’y a qu’à regarder Villennes par exemple ; lorsque le train y arrive en gare, les bords de Seine y sont agrémentés de saules pleureurs. Villennes accueille ainsi de nombreux tournages de films grâce à la valorisation de ce patrimoine historique et naturel.
A Triel, ce patrimoine, on le coupe, on le casse. Ainsi, pour quelqu’un qui regarde le centre de Triel depuis la Seine, le pont ou la rive gauche, on ne voit plus autour de l’ancien pont qu’un Algéco accueillant la Caisse d’Epargne que la municipalité a décidé d’installer là. Pourtant, cette banque désirait s’installer plus haut, rue du Pont, dans un « vrai » bâtiment, les anciens locaux du Crédit Agricole ! Donc, maintenant, on pourra trouver des cartes postales de Triel ainsi nommées : Triel-sur-Seine, son église du XIIIe siècle, sa Caisse d’Epargne et ses bâtiments de la Cogedim.
Nous pouvons remercier la municipalité de Triel pour sa vision politique, sa projection sur l’avenir. A l’heure où la SNCF vante le « train des impressionnistes », où le patrimoine des bords de Seine et le patrimoine historique de Triel pourraient être valorisés pour en faire un outil d’attractivité, la municipalité pousse au contraire à saborder ce patrimoine, qu’il soit naturel ou historique.
Nous ne pouvons évidemment nous empêcher de mentionner la vente du parc municipal, qui sont les jardins de l’ancien château. Qui sait qu’il y avait un château à cet emplacement ? A-t-on songé à en assurer la promotion ? Sûrement pas cette municipalité. Pourtant, ce passé de Triel, même ayant disparu (en tout cas visuellement) pourrait être un atout, valorisé auprès des visiteurs.
Il semble au contraire vouloir être détruit, telle encore cette meulière du début du XXe siècle, « Les rosiers » près de la gare et de l’école René Pion, appelée à être détruite pour construire des bâtiments de béton. Tout ce qui faisait le charme de Triel semble vouloir être réduit à néant, normalisé sous des tonnes de béton, parqués dans des Algécos, rasés comme de la mauvaise herbe. A quand un immeuble devant (ou à la place ?) de l’église, pourquoi ne pas raser le pin centenaire de la gare, et pourquoi pas ne pas araser cette colline forestière pour la combler de béton ? Il serait pourtant tellement plus simple de réhabiliter, d’embellir et de promouvoir en valorisant le patrimoine naturel et historique.
Vivent les arbres ! A bas le béton !